Recueil n° 1 – 2012 72
CLAUDINE CELVA : QUAND LA FOCALE NOIE LE REGARD
Du 19-12 au 13-01-13
l’ESPACE ART GALLERY
(Rue Lesbroussart, 35 à 1050 Bruxelles) présente une
exposition intitulée
COLLECTIF D’ARTISTES DANS LE CADRE DU 25
ème
ANNIVERSAIRE D’ALZHEIMER
BELGIQUE A.S.B.L.
Les photographes ne sont pas fréquemment exposés à l’ESPACE ART GALLERY. Force est donc de constater
que parmi ceux dont les œuvres ont fait l’objet d’une exposition, Madame
CLAUDINE CELVA
a un sens inné du
cadrage, lequel se manifeste par une direction photo magistrale. Cette direction de la photographie pourrait céder
à la facilité en se limitant à exprimer, ce que l’on qualifierait à première vue, de « trompe-l’œil ». Mais lorsque le
regard s’incruste, lorsque la mise à feu se produit, le visiteur s’aperçoit qu’il ne s’agit pas du tout de « trompe-l’œil
» mais bien d’une scansion progressive de l’objet photographié.
L’exposition dont elle fait l’objet s’intitule précisément
REGARDS – ROBES HABITEES
et bien entendu, cela
n’est en rien dû au hasard.
Cette scansion progressive, que nous venons d’évoquer, prend vie, en plan rapproché dans
L’ŒUVRE N° 7
(22 x
34 cm - travaillant à partir de thématiques, aucune de ses photos ne porte de titre), pour laquelle le modèle, bien
que se cachant derrière le miroir, en fait intégralement partie (son reflet étant projeté par un autre miroir, placé en
face de celui-ci, que l’on ne voit naturellement pas). Ce premier plan représente le modèle « divisé » en trois
parties bien distinctes où tout apparaît de façon claire.
Tandis que
LA PHOTO N° 8
(22 x 34 cm), dû au seul déplacement du miroir par rapport au centre, fait que la
focale est élargie et nous voyons apparaître un plan, à la fois plus large mais aussi bien plus flou, perturbant ainsi
le voyage du regard. A la vue de ces deux œuvres, l’on est saisi par l’envie de se demander quelle dichotomie
ressentie sépare effectivement l’apparence de la réalité. Y a-t-il vraiment deux côtés au miroir ? Le discours de
l’artiste est celui de présenter un même personnage mais dans une réalité différente au fur et à mesure que la
focale de l’appareil de prise de vue modifie son angle. Le visiteur est partant pour un voyage au cœur d’un
parcours phénoménologique dont il n’est pas sûr de sortir indemne.