Recueil n° 1 – 2012 67
les papiers peints qui ornent les murs des maisons. La raison de leur présence est à chercher dans l’aversion de
l’artiste pour les fonds unis, typiques de la Renaissance, lesquels ne diffusent aucune chaleur à l’ambiance.
MARC JALLARD, qui travaille essentiellement à l’huile, n’a pas fait les Beaux-Arts mais a fréquenté
l’Ecole
Boulle
. C’est à la Manufacture Nationale de la ville de Sèvres où il travaille en qualité de technicien d’art qu’il a
trouvé sa vocation d’artiste. Néanmoins, depuis tout jeune, il a éprouvé le besoin de dessiner. Et il faut voir dans
ce besoin le désir d’une reconnaissance sociale.
Il s’est très tôt intéressé à la bande dessinée et il a également travaillé en tant que technicien d’art pour
PIERRE
ALECHINSKY.
Comme on l’aura constaté sans le moindre mal, il éprouve un grand penchant pour le grotesque, particulièrement
lorsqu’il s’agit d’attaquer le monde de la libido. Ce sens exacerbé du grotesque lui sert de repoussoir à toute
interprétation « vulgaire » du sujet, comme nous l’évoquions plus haut.
Il y a un double monde dans l’univers exposé de MARC JALLARD. Un monde dans lequel des hommes
ricaneurs, sujets à des particularités physiques, sont « accouplés » à des « créatures de rêves » qui trouvent une
forme de « chasteté » par le biais d’une sexualité ostensiblement affichée qui se délite par le sortilège du regard.
L’artiste travaille à partir de photos. Il crée de véritables personnages de « synthèse », en interpolant chacun des
éléments constitutifs d’un personnage, à l’autre. D’où ce que l’on pourrait interpréter comme « un air de famille »
concernant l’ensemble des tableaux présentés.
MARC JALLARD est le maître absolu d’un univers donquichottesque. Un univers qui, malgré les apparences,
volontairement exposées, traduit une vision complexe de l’humanité car il s’agit ici d’une humanité dépouillée de
tout carcan qui limiterait la portée de son élan vers le dépassement d’elle-même. L’artiste la couvre d’un masque
pour que le visiteur enlève le sien.
François L. Speranza.
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